Toi qui l'a tant aimé, tu dois me détester...
Je n'ai jamais cherché à ce qu'il tombe amoureux de moi, cette tête de mule que j'aime à appeler "mon grand frère".
J'ai souillé ses épaules de mes larmes. Et, me voyant sombrer, il a déployé tant d'efforts pour éloigner la douleur de mon coeur...
Pourquoi, donc, je ne m'y jette pas avec l'énergie d'une damnée à qui l'on aurait offert une nouvelle âme? Simplement parce qu'à moi, l'on ne m'a pas offert de nouveau coeur. Je ne suis plus bonne à aimer, ni à être aimée, c'est l'apanage de ceux qui ont été brisés par l'amour.
Comme je dois te décevoir... Tu avais sûrement espéré, chère ange, que, à défaut de les effacer, j'essaierais d'adoucir les blessures que ta perte lui a causé, comme il en avait fait avec moi..
Il aurait été plus simple que nous soyons liés par le sang. Je lui aurais offert tout l'amour fraternel, que lui m'a si souvent donné, dont j'aurais été capable.
Pardonne moi, chère ange. Pardonne mon égoïsme. Pardonne ces paroles cinglantes que j'ai eu à son égard, celles où je l'assimilais à celui dont je m'efforce de chasser le souvenir.
Pardonne moi de lui demander tant de temps...